samedi 11 octobre 2008

embrasser toutes les heures (faces)


J'aimerais relire chaque livre, revoir chaque film, rejouer chaque musique que j'ai aimés, ceux qui font partie de moi. J'aimerais partager mes passages (tel paragraphe des Vagues), mes extraits (tel plan de Faces), mes airs (telle ouverture de Wagner) avec les gens que j'aime, qui me comprennent, ou parfois même, m'aiment sans me comprendre. Je n'ai jamais fait de différence entre les personnes et les œuvres. A un moment de ma vie, un livre, un film, une musique (un tableau, etc.) me bouleverse, de même que ce que dit un être me semble inédit et tellement proche à la fois. Tout est une question d'âme, un accord secret comme une mélodie où soudain la musique se fond dans l'image... J'ai été ému aujourd'hui de voir la douce présence des mes amis. Et puis je relis Sénèque, ce qui m'aide toujours. Pour la première fois depuis longtemps, et bien que je me sente très fatigué, je suis apaisé.

...
"Certains moments nous sont retirés, certains dérobés, certains filent. La perte la plus honteuse pourtant est celle que l'on fait par négligence. Veux-tu y prêter attention : une grande partie de la vie s'écoule à mal faire, la plus grande à ne rien faire, la vie toute entière à faire autre chose.
Quel homme me citeras-tu qui mette un prix au temps, qui estime la valeur du jour, qui comprenne qu'il meurt chaque jour ? C'est là notre erreur, en effet, que de regarder la mort devant nous : en grande partie, elle est déjà passée ; toute l'existence qui est derrière nous, la mort la tient. Fais donc, mon cher Lucilius, ce que tu écris que tu fais, embrasse toutes les heures ; de la sorte, tu dépendras moins du lendemain quand tu auras mis la main sur aujourd'hui. Pendant qu'on la diffère, la vie passe en courant"
Sénèque, Lettres à Lucilius, Lettre 1 (extrait)

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