mardi 26 juin 2007

contre les garçons


Pourquoi s'infliger cette terrible déception ? Pourquoi avoir voulu y croire ? Se voir un dimanche soir au milieu d'une foule, attendre qu'il soit libre, le regarder se perdre et me perdre. Il revient, nous partons, une heure ensemble avant son prochain rendez-vous. Il trouve que mon sourire est ironique. Il ne m'avait donc jamais vraiment regardé. Il me trouve dur, il ne m'a jamais vraiment écouté, et s'il savait comme je suis gentil et comme je me retiens... Alors oui, je souris, encore, ironique. Sur le chemin du retour, je suis au bord de pleurer, je rentre tristement et je lui en veux de cette tristesse inutile. Pourtant, cette semaine, en son absence, je l'ai oublié. Oui, oublié, le doux M. J'ai même passé d'idylliques moments avec Y., toujours si désirant et bon amant au moment où il sent que mon coeur pourrait basculer ailleurs (mais jamais totalement).

Pourquoi aimer M. alors qu'il ne sera de toute évidence jamais à la hauteur - un demi-mondain qui s'habille comme un adolescent et envoie des textos en langage codé ? Et puis merde, qu'est-ce qu'ils ont tous à être lâches, les garçons ? Est-ce programmer pour décevoir, un garçon ? Pourtant, avec lui, je n'ai pas été pénible, je ne lui ai pas couru après, je ne l'ai pas abreuvé de gentils messages et je n'ai pas attendu qu'il revienne, enfin si j'ai attendu mais sagement... C'est lui qui m'a dragué, qui est venu me chercher, qui m'a embrassé, qui a voulu m'emmener chez lui, c'est lui qui n'a pas cessé de me faire des promesses - auxquelles je n'ai heureusement pas cru - et c'est lui qui m'a fait donné ce rendez-vous hier, qu'il a de nouveau annulé... Alors quoi ? S'il ne m'aime pas, pourquoi ne pas me le dire ? Pourquoi fuir ? Ai-je seulement envie de recoucher avec lui ? N'est-il pas déjà un ami pour moi ? Moi qui voulais en faire un frère... Comme il est lâche ! Et je revois en lui ces garçons qui passent et qu'on oublie, et je ne veux pas oublier...

Et pourtant. Toujours. J'aime le corps des garçons, le sexe, le cou, les fesses, les lèvres, les cuisses, le bas du dos, les épaules, l'odeur, la voix, la poitrine, la démarche, la barbe, les mains, la nuque, le sourire, le front, le ventre, les pieds... J'aime les garçons, mais que diable, un peu de fougue, de lyrisme, de folie, de tendresse, et surtout, surtout, pour que je puisse continuer à les aimer longtemps: de noblesse !

vendredi 15 juin 2007

tristesse du soir qui tombe


Je suis allé, comme un idiot, sur le lieu de travail de M. qui ne m'avait pas donné de nouvelles depuis plusieurs jours malgré notre rendez-vous malencontreusement fixé à aujourd'hui ou bien demain (terrible erreur que cet incertain "ou bien"). J'avais assez à faire dans le quartier pour ne pas manquer sa sortie. Je me suis installé à un café à l'angle avec une amie, amusée par mes regards qui passaient par-dessus son épaule. J'étais fébrile, mes ganglions au fond de la gorge semblaient s'être réveillés. Finalement, elle partit et j'attendis encore un peu, hésitant entre un cinéma et une attente ridicule et peut-être même stérile. Je m'étais presque décidé pour le cinéma quand je le vis, peut-être. Peut-être car je vis sortir de son bureau un jeune homme qui aurait pu être lui. Je remarquais essentiellement ses baskets d'un jaune poussin que je pouvais suivre aisément du regard. L'émotion avait embué mes yeux d'un barrage de flou. C'était cette heure d'un jour gris, à la fois trop sombre et trop lumineuse, pendant laquelle, malgré mes corrections, j'étais proprement aveugle. J'ai pu, tout de même, suivre les baskets jaunes qui s'arrêtèrent pour parler avec des talons hauts. M'a-t-il vu ? Il était presque tourné vers moi - il aurait dû me voir. Mais je ne crois pas non. J'étais bien habillé pour faire plus vieux - pour lui plaire - et de loin il ne pouvait imaginer que ce jeune homme qui faisait semblant d'être au téléphone était celui-là même avec qui il partagageait (?) une amitié amoureuse (??). Et était-ce seulement lui ? Si je suis si peu sûr de son identité alors que je l'attendais comment aurait-il pu me reconnaître sans s'attendre à me voir ?

Un ami qui allait voir le même film me sortit de mes interrogations douloureuses. Celui-là même qui m'avait écrit une lettre il y a quelques jours. L'ironie de la situation ne m'échappa pas : je restais avec celui qui me désirait tout en regardant partir celui que je désirais. Mon ami étant plutôt en forme et le film d'un noir et blanc sublime, mes pensées s'apaisèrent, s'éloignant peu à peu de leur objet douloureux. Pourtant, lorsque deux heures plus tard, je sortis du métro et qu'il faisait presque nuit mais encore jour, la douceur soudaine du temps, la beauté de la lumière me donnèrent envie de pleurer. Je pensais à M. qui m'abandonnait et à la cruauté du temps qui passe : bien sûr, je l'oublierai, mais c'est justement cela que je ne voulais pas. Je voulais encore penser à lui, le trouver beau et intelligent, généreux et amical, sensuel et attentionné. Avec lui, je voulais d'un sentiment moins fort peut-être, mais tellement plus durable...

mercredi 13 juin 2007

de la douleur d'etre désiré


"Depuis des mois, mon désir pour toi montait sans cesse, et en mars j'ai vraiment cru que nous étions au bord de manifester l'un pour l'autre de la tendresse physique. (...) J'ai vraiment cru - ris si tu veux - qu'il y avait de ta part un assentiment."

Voilà un extrait d'une lettre que m'a envoyée un ami vieux de 10 ans, et que je considérais comme ma relation la plus pure, la plus éloignée de l'idée même de désir. Comment dire à quelqu'un que le désir est pour moi une façon d'aborder les gens et qu'il n'est jamais venu après ? Comment dire à quelqu'un que la relation qu'il a fantasmée n'exite pas, et que pour moi il n'y a jamais eu l'ombre d'un doute ? ô combien je préfère désirer qu'être désiré, combien ce mouvement infini vers l'autre me convient, et pas son envers...

dimanche 10 juin 2007

flux et reflux


Dans un élan soudain, j'ai supprimé tous mes profils des sites gay - au nombre de trois quand même. Trop banale hystérie homosexuelle sans doute, et pourtant ce geste n'était pas causé par une colère mais plutôt par l'ennui. Le rêve que je projetais dans ces rencontres imaginaires n'est plus. Mes messages sont devenus de plus en plus parodiques, mon coeur de moins en moins battant. Il ne me restait qu'à partir. Mes nombreuses rencontres récentes y sont pour beaucoup. Le destin, malin, comme à chaque fois que je renonce à conquérir, met devant mes yeux (et dans mes pattes) les garçons les plus charmants et les plus intéressants. Mais comment avoir envie de rencontrer toujours plus de garçons quand on n'arrive pas à profiter de ceux qu'on a ? Une fois pour toutes, j'aime vivre chaque rencontre pleinement, comme une vie entière à elle toute seule.

Quelques retours. Un message de Max, un autre de mon cher et sensuel Catalan, J. enfin qui revient bien décidé à jouer avec le feu. A., auquel j'avais renoncé, s'est invité chez moi, organisant nos retrouvailles en grande pompe. Pourtant, en préparant mon premier boeuf stroganoff - qui s'est avéré délicieux - ce n'était pas à lui que je pensais mais à cet autre garçon qui m'avait bouleversé quelques jours plus tôt et que je regrettais de ne pas voir ce soir-là, n'ayant osé annuler le dîner qu'A. attendait avec impatience... J'ai donc revêtu mon teint le plus amical pour l'accueillir. Après dîner, il a tenu à regarder un film que je connaissais par coeur pour que je puisse m'endormir sur son épaule - désormais un rituel. Variante : il s'était cette fois-ci mis torse nu, si bien que je sentais intensément son parfum ambré, et m'étalais sur sa peau douce avec une ferveur retrouvée. Surpris par sa sensualité nouvelle, je me suis laissé aller pendant la nuit à trouver son contact agréable, voire irrésistible. Je tenais toutefois le bas de mon corps à une distance réglementaire afin qu'il ne sentisse pas les effets de sa peau sur la mienne. Puis par provocation, d'un coup, je me suis collé à lui. Au lieu de me rejeter, il s'est soudain retourné, si près... Mes lèvres au bord des siennes n'ont connu aucun barrage. Et nous nous embrassâmes, et nous nous collèrent, et nous nous caressèrent, et pourtant lorsque je mis ma main sur son caleçon qui tenait son sexe généreux, il s'éloigna. Ce fut alors un jeu de touche-moi, ne me touche pas, dont lui seul et les adolescents de 15 ans ont encore le secret. Plus tard, il me glissa à l'oreille : il ne faut pas, j'ai trop peur de tomber amoureux. Son excuse, romantique, combla mes attentes, et je fus même presque content de renoncer à un corps pourtant si désiré il y a encore quelques semaines. De cette esquisse d'acte d'amour, je tire finalement plus de satisfactions que de frustration : 1. la beauté d'un instant non vécu est inégalable, 2. j'ai pu rassurer P. admirateur de la beauté d'A. et qui, perfide, me disait qu'il n'osait pas coucher avec moi car il avait un problème sexuel (il bande et n'a pas un micro-pénis), 3. A. a avoué qu'il me désirait ("J'en ai autant envie que toi..."), mon orgueil est donc sauf, 4. je n'étais pas si frustré parce que je venais de rencontrer M. et que j'ai vécu ce non-acte comme une fidélité précoce (car oui, j'aime être fidèle à mes amants, à ma manière).

Deux jours plus tard, je vivais donc ma soirée avec M. Il y a des gens qu'on connaît à peine et avec qui on est immédiatement bien. La simple présence de M., sa voix, son regard, me calment. Avec lui, je ne suis même pas séducteur, je le regarde et l'écoute comme un enfant admirant son grand frère. Oui, c'est cela, il est le grand frère dont j'ai toujours rêvé (le sexe en plus). Après un verre et un dîner entrecoupés de promenades dans le 18e, juste après l'amour, il me montra la fin de "Simone Barbès ou la vertu" et je sus que je l'aimerais vraiment beaucoup. Ironiquement, Simone ne couchait pas avec son client mais parlait dans une voiture qui traversait la nuit. J'avais très envie de partir avec lui à cet instant. N'importe où, mais avec lui. Notre deuxième nuit fut marquée par le choix d'un film au titre éloquent : le beau "Veillée d'amour" ("When tomorrow comes"). Ironique aussi parce que c'était cette fois mon tour de servir d'épaule à mon amant endormi. Perturbé par ma patience et aussi parce que je suis son premier homme plus jeune, M. a décidé il y a quelques jours de retrouver son vieil amant marié avec qui rien ne va plus - puis sa solitude. Loin de le prendre pour un revers, j'en profite pour moi aussi regagner mes quartiers : Y., chez moi, mes amis... Je revis lentement et ai envie de lui dire qu'avec lui je suis d'accord pour tout : je veux bien être son amant, son fils, son père, son frère, son mari, son ami, tant que ses yeux ne se départissent pas de leur tendresse et de leur éclat quand ils se tournent ainsi lentement vers moi...

mardi 5 juin 2007

dialectique amoureuse


"Oui. Salut c'est M.
Bah, écoute euh euh... juste euh... quelques petits trucs, une bonne soirée, t'embrasser. Bon, je vais aller voir des films à la cinémathèque donc je vais pas être très très joignable.
Et bah, écoute, rien de particulier euh... je pensais à cette jolie soirée un peu décalée, un peu... Voilà. Avec beaucoup de plaisir et et... tac tac tac...
Et ben écoute, on se rappelle... C'est toujours pareil, j'ai des semaines qui se chargent à vue d'oeil entre le boulot, les amis que je dois voir, mais ça me ferait plaisir de te voir, de se retrouver, si tu veux, un de ces... un de ces quatre...
Bon, bah, sinon je t'embrasse, à bientôt..."