dimanche 10 juin 2007

flux et reflux


Dans un élan soudain, j'ai supprimé tous mes profils des sites gay - au nombre de trois quand même. Trop banale hystérie homosexuelle sans doute, et pourtant ce geste n'était pas causé par une colère mais plutôt par l'ennui. Le rêve que je projetais dans ces rencontres imaginaires n'est plus. Mes messages sont devenus de plus en plus parodiques, mon coeur de moins en moins battant. Il ne me restait qu'à partir. Mes nombreuses rencontres récentes y sont pour beaucoup. Le destin, malin, comme à chaque fois que je renonce à conquérir, met devant mes yeux (et dans mes pattes) les garçons les plus charmants et les plus intéressants. Mais comment avoir envie de rencontrer toujours plus de garçons quand on n'arrive pas à profiter de ceux qu'on a ? Une fois pour toutes, j'aime vivre chaque rencontre pleinement, comme une vie entière à elle toute seule.

Quelques retours. Un message de Max, un autre de mon cher et sensuel Catalan, J. enfin qui revient bien décidé à jouer avec le feu. A., auquel j'avais renoncé, s'est invité chez moi, organisant nos retrouvailles en grande pompe. Pourtant, en préparant mon premier boeuf stroganoff - qui s'est avéré délicieux - ce n'était pas à lui que je pensais mais à cet autre garçon qui m'avait bouleversé quelques jours plus tôt et que je regrettais de ne pas voir ce soir-là, n'ayant osé annuler le dîner qu'A. attendait avec impatience... J'ai donc revêtu mon teint le plus amical pour l'accueillir. Après dîner, il a tenu à regarder un film que je connaissais par coeur pour que je puisse m'endormir sur son épaule - désormais un rituel. Variante : il s'était cette fois-ci mis torse nu, si bien que je sentais intensément son parfum ambré, et m'étalais sur sa peau douce avec une ferveur retrouvée. Surpris par sa sensualité nouvelle, je me suis laissé aller pendant la nuit à trouver son contact agréable, voire irrésistible. Je tenais toutefois le bas de mon corps à une distance réglementaire afin qu'il ne sentisse pas les effets de sa peau sur la mienne. Puis par provocation, d'un coup, je me suis collé à lui. Au lieu de me rejeter, il s'est soudain retourné, si près... Mes lèvres au bord des siennes n'ont connu aucun barrage. Et nous nous embrassâmes, et nous nous collèrent, et nous nous caressèrent, et pourtant lorsque je mis ma main sur son caleçon qui tenait son sexe généreux, il s'éloigna. Ce fut alors un jeu de touche-moi, ne me touche pas, dont lui seul et les adolescents de 15 ans ont encore le secret. Plus tard, il me glissa à l'oreille : il ne faut pas, j'ai trop peur de tomber amoureux. Son excuse, romantique, combla mes attentes, et je fus même presque content de renoncer à un corps pourtant si désiré il y a encore quelques semaines. De cette esquisse d'acte d'amour, je tire finalement plus de satisfactions que de frustration : 1. la beauté d'un instant non vécu est inégalable, 2. j'ai pu rassurer P. admirateur de la beauté d'A. et qui, perfide, me disait qu'il n'osait pas coucher avec moi car il avait un problème sexuel (il bande et n'a pas un micro-pénis), 3. A. a avoué qu'il me désirait ("J'en ai autant envie que toi..."), mon orgueil est donc sauf, 4. je n'étais pas si frustré parce que je venais de rencontrer M. et que j'ai vécu ce non-acte comme une fidélité précoce (car oui, j'aime être fidèle à mes amants, à ma manière).

Deux jours plus tard, je vivais donc ma soirée avec M. Il y a des gens qu'on connaît à peine et avec qui on est immédiatement bien. La simple présence de M., sa voix, son regard, me calment. Avec lui, je ne suis même pas séducteur, je le regarde et l'écoute comme un enfant admirant son grand frère. Oui, c'est cela, il est le grand frère dont j'ai toujours rêvé (le sexe en plus). Après un verre et un dîner entrecoupés de promenades dans le 18e, juste après l'amour, il me montra la fin de "Simone Barbès ou la vertu" et je sus que je l'aimerais vraiment beaucoup. Ironiquement, Simone ne couchait pas avec son client mais parlait dans une voiture qui traversait la nuit. J'avais très envie de partir avec lui à cet instant. N'importe où, mais avec lui. Notre deuxième nuit fut marquée par le choix d'un film au titre éloquent : le beau "Veillée d'amour" ("When tomorrow comes"). Ironique aussi parce que c'était cette fois mon tour de servir d'épaule à mon amant endormi. Perturbé par ma patience et aussi parce que je suis son premier homme plus jeune, M. a décidé il y a quelques jours de retrouver son vieil amant marié avec qui rien ne va plus - puis sa solitude. Loin de le prendre pour un revers, j'en profite pour moi aussi regagner mes quartiers : Y., chez moi, mes amis... Je revis lentement et ai envie de lui dire qu'avec lui je suis d'accord pour tout : je veux bien être son amant, son fils, son père, son frère, son mari, son ami, tant que ses yeux ne se départissent pas de leur tendresse et de leur éclat quand ils se tournent ainsi lentement vers moi...

Aucun commentaire: