jeudi 31 mai 2007

pas sur la bouche


Nous ne le savons pas encore mais tout se passera dans la chambre. Première soirée depuis mon retour de Cannes, je suis fatigué, mal à l'aise - ces inconnus qui se connaissent si bien entre eux. Je me réfugie d'abord dans la cuisine, vite envahie, et puis dans la chambre des manteaux, un îlot préservé. Après quelques discussions plus intimes avec trois, quatre personnes, il reste avec moi, seul. On aurait pu se croiser mille fois, mais non, ce soir, c'est la première fois.

Une heure passe, des manteaux repris, d'autres déposés. Tout est flou sauf son sourire malin. Je suis dans le noir et je me laisse guider par sa voix, par la lueur de son regard posé sur moi.

Plus tard, de retour parmi la foule, j'ai bu et tout est plus facile. Je parle avec un groupe, lui avec un autre plus loin, mais il me tient toujours par le fil de son regard. Il doit partir. Je l'accompagne dans la chambre, manière si transparente de lui céder. Nous nous regardons, il demande mon numéro, il m'embrasse sur la joue, il hésite à partir, il m'embrasse à nouveau la joue - mais si près des lèvres -, il doit partir, son regard me brûle - je souris de ce feu enfin ravivé. Va-t'en, va-t'en, je n'ose pas ajouter : avant qu'il soit trop tard. Mais peut-être l'entend-il puiqu'il m'arrache un baiser - du bout des lèvres. Après son départ, son sourire reste accroché sur le mien. Oh oui, pars, pars, que je puisse t'aimer encore longtemps.

samedi 26 mai 2007

à la surface


Train, hôtel, film, foule, alcool, film, sortir, villa, plage, petit matin, marcher, courir, bus, film, manger, film, dormir, alcool, etc. Flou, grand flou. Un îlot perdu loin de la linéarité de la vie parisienne, le temps volé au temps lui-même pour ces quelques jours à Cannes - 9 jours, une éternité. Se nourrir de champagne, souvent. Minauder bien sûr beaucoup. Fatigue, grande fatigue. La foule mercantile, la vulgarité du Sud et du monde entier dans une seule salle, une agression. Heureusement, j'aurais croisé pas mal d'amis et vu quelques beaux films.

Se souvenir.

Les scènes de sexe incroyablement drôles d'un film venu de Singapour (Pleasure factory).
La beauté de Lumière silencieuse de Reygadas. La caméra s'approche des visages et ressuscite les morts (premier plan : le lever du soleil en 7 minutes).
Le noir et banc du virtuose Homme de Londres de Béla Tarr.
Le grain, la caméra à l'affût des émotions sur le visage d'un enfant sans père dans le Tehilim de Nadjari.
La grâce du montage du nouveau Gus Van Sant (Paranoïd park) et ce plan sur les cheveux d'un adolescent coupable qui illuminent littéralement le spectateur - ou comment la psychologie est montrée de façon purement minérale.
L'émotion d'un James Gray, qui semble, comme tous ses films, écrit pour moi (We Own the night) : un polar sublimée en tragédie grecque, un film d'amour entre frères.

mercredi 16 mai 2007

la naissance des dieux


Nous marchons côte à côte pour la première fois. Il parle beaucoup. Il ne me regarde pas vraiment. Moi non plus.

Dans ce café près de Beaubourg, nous nous asseyons face à face. D'un coup, son regard, marron et profond. Je m'y noie. Au lieu de le trouver charmant, pour la première fois, je le trouve beau, d'une beauté inouïe.

Nous nous séparons pour la première fois. Gênés, nous ne savons pas faire. Il me regarde, je baisse les yeux - va-t-il me proposer un dîner, de le suivre ? Je le regarde, il baisse les yeux - vais-je lui proposer de dîner, de me suivre ? Nous partons, lentement, en nous retournant, en nous souriant, en ne nous disant rien, et puis si, il faut se revoir vite, parce qu'il est Catalan et qu'il rentre chez lui dans trois jours. Nous esquissons un "à demain" qui résonne tendrement. Comme une promesse.

Téméraire, je l'invite cette fois à dîner chez moi. J'ai honte, je sens qu'il pourrait se passer quelque chose, j'essaie de trouver un chaperon, sans succès. C'est que je tiens à ma fidélité nouvelle. Que seraient ces deux mois d'abstinence durement conquise, ces deux mois de refus de séduire et de se donner ? Je suis toujours effrayé devant l'absence de nécessité. J'ai l'impression que je pourrais coucher avec lui, ou pas. Alors je ne veux pas. Mais il me plaît.

Il entre chez moi. Il furète partout, sort les livres, les DVD, en déduit que j'aime Fassbinder - il en a vu un. Je me rappelle alors cette conversation avec P. qui me parlait d'un garçon qui me "plairait à mort mais qui n'a sans doute jamais entendu le nom de Fassbinder" ; je lui avais répondu : alors il ne me plairait pas tant que ça. Je souris devant la remarque de mon invité catalan. Il ne le sait pas mais il vient de passer une porte. Le temps passe, léger, il parle avec une loquacité peu commune pour un étranger. C'est qu'il parle sept langues, dont le Japonais, qu'il a vu et vécu tant de choses - il m'impressionne. Mieux : j'aurais pu l'inventer, l'écrire. Et puis ce n'est pas tant son don que sa façon de parler, faite de petites expressions si françaises qui me font oublier qu'il ne l'est pas, des expressions que j'affectionne et que j'entends rarement, si ce n'est dans ma propre bouche. Il parle de lui, me pose des questions, animé par une curiosité dévorante. Il est infiniment séduisant. Il passe une deuxième porte.

Je reviens de la cusine et le trouve à demi alangui sur mon canapé. Je m'assois par terre à quelques dizaines de centimètres de son visage. Il regarde un film sur le Japon que je lui ai proposé, et moi je le regarde. Il n'a pas voulu sortir tout à l'heure, voir des amis. Il ne dit jamais les choses directement, il a juste dit non à tout ce qui n'était pas rester là, seul avec moi. Nous allons nous embrasser, la ligne est toute tracée. Alors nous jouons à ne pas le faire. Il me regarde droit - une invitation - mais je ne cède pas. Je suis si bien dans cet instant du juste avant, un instant qui prend un malin plaisir à durer, à ne surtout pas s'achever.

Finalement, oui, je l'embrasse. C'est toujours moi qui embrasse. Je dois faire un peu peur aux garçons. Je l'embrasse doucement, très doucement. Il faut profiter de chaque frémissement. La première fois que je sens son souffle, la première fois que nos lèvres s'effleurent, entrent en contact, puis cette humidité nouvelle, fraîche, sur la peau brûlante. Le temps s'arrête. Le temps n'existe plus. Il n'y a plus que deux âmes, à la lueur d'une bougie et d'une télévision encore allumée, qui se croisent, se cognent délicatement. Depuis qu'il est entré tout à l'heure, plus aucune question, plus aucun doute. Tout est gracieux, donc beau, donc nécessaire.

Nous avons mis longtemps à nous déshabiller. Très longtemps. Il a embrassé chaque parcelle de ma peau. Et moi, sous ses baisers, je retrouvais des sensations oubliées. Tout remontait à la surface, à la surface de ma peau. Un lent et long orgasme de près de quatre heures, voilà ce qu'aura été cette première nuit ensemble. D'une main douce, il m'allonge sur le ventre. Il me lèche les pieds. Les genoux. Il caresse mes mollets, mes cuisses. Déjà, je ne sais plus où je suis. Tout est différent. Je regarde la lumière de la flamme devant moi. Et cette sensation qui remonte le long de mon corps. Mon dos, ma nuque, mon dos, mes fesses. Il me dévore entièrement. Je ne pense plus à rien. Je le touche moi aussi. Son ventre, ses poils, ses tétons. Je les mordille et les lèche. Il a encore son slip noir. Mes lèvres le contournent - et son sexe, que je sens pour la première fois, humide, brûlant. Je ne tarderai pas à le libérer, à le prendre dans ma bouche. Tout à coup, ému, j'enserre ma main autour de ce sexe ferme et droit et je remonte jusqu'à sa bouche pour l'embrasser, l'embrasser, l'embrasser. Je m'arrête et éloigne mon visage juste assez pour le regarder vraiment, ma main est immobile, mon regard dans le sien. Un instant. Nous ne disons rien, nous nous contemplons, nous nous contemplons en train de nous aimer. Je suis submergé par une vague nouvelle, j'ai envie de pleurer, il le voit peut-être, lui aussi il a les yeux humides. Plus tard, encore, après bien des caresses, des rires, des baisers, nous nous regarderons encore ainsi, plusieurs fois, dans le silence de l'amour. Comme dans un film de Gus Van Sant, nous prenons involontairement des poses, figés pour l'éternité dans cet instant de l'amour physique.

Quand je suis entré en lui, il n'y avait plus aucune barrière entre nous. Celle du préservatif n'en était même pas une à mon plaisir. Il m'a demandé de rentrer complètement et de rester là, comme ça, un moment. Il y a quelque chose de sacré dans cet acte-là, dans ce plaisir qui nous dépasse. En lui, je ne me sentais pas comme un animal, mais plutôt comme un dieu. Oui nous étions deux divinités sur le Mont Olympe, un désert d'hommes et de pensées, il n'y avait plus que nos deux corps à jamais réunis. Je l'ai pris longtemps, mon plaisir ne comptait pas vraiment, je ne voulais pas lui faire mal, alors j'allais très lentement, j'ai attendu qu'il me demande. Plus profond, plus vite. J'entendais son souffle, ses gémissements légers et réguliers, je sentais sa sueur monter sous mes mouvements. Je cherchais son regard, marron et profond, celui dont j'étais tombé amoureux la veille. Ce regard, il était planté sur moi, ou plutôt il m'enveloppait, comme une douce certitude. Finalement, derrière lui, je me suis collé à son dos, moite, pour lui dire, en me baissant vers son oreille, comme une morsure : je vais jouir. J'aurais pu lui dire que je l'aimais avec la même voix, le même ton. D'un clignement d'oeil, il me dit que lui aussi. Et nous jouissons. En même temps.

J'ai tout oublié, tout. Nous sommes allongés et nus côte à côte encore enlacés. Je me souviens avoir retiré un préservatif blanchi par le plaisir et l'avoir posé par terre dans un kleenex. Mais je ne me souviens plus comment j'ai atterri là, couché si près de lui, sentant son odeur et son souffle. Je suis bien. Je ferme les yeux, tout est blanc. Bientôt, il ne sera plus là. Il rentrera chez lui, loin. Mais je n'y pense pas. D'ailleurs, je ne pense pas du tout, je ne suis qu'un corps battant, le mien ou le sien, je ne sais plus, ou quelque chose entre les deux, dans l'interstice entre sa cuisse et ma taille, entre mon front et sa main. Bientôt, il ne sera plus là. Il rentrera chez lui, loin. Qu'importe puisqu'il est là, d'une présence évidente, émouvante. C'est sous la douche un peu plus tard que je comprends pourquoi j'ai tant voulu ne plus coucher avec des garçons, et pourquoi j'ai couché avec celui-ci, mon ange, mon amour. C'est sous la douche que je vois la grâce de l'eau qui coule sur son front, son torse, son sexe. C'est sous la douche que je sens que je suis différent d'avant, d'hier - et si je suis différent, c'est que quelque chose a existé, que quelque chose existe. Des larmes inondent mes joues, je brandis le pommeau pour les noyer dans l'océan de l'eau qui coule, comme une dernière pudeur, pour ne pas lui montrer que je pleure de joie. Et puis si, je lui montre, que je pleure, que je l'aime, et je l'embrasse encore, brûlant. Je l'embrasse et renais sous ses baisers - l'eau qui coule et se perd sous nos pieds.

lundi 7 mai 2007

larmes éphémères et rage amère


Je n'ai pas ressenti le désespoir attendu. Au contraire, une forme de rage, de celle qui vous pousse à avancer. Le doute, si faible fut-il, était plus douloureux que la certitude. A présent, je suis libéré et armé. Quelque chose d'inconnu en moi a décidé de profiter comme s'il n'y avait pas de lendemain... Bien sûr, ce bouclier n'a qu'un temps mais, oserais-je le dire, quelle jubilation dans cette rage nouvelle et frondeuse.

I like the peace in the backseat, I don't have to drive, I don't have to speak, I can watch the country side and I can fall asleep.

Ai travaillé jusqu'à trois heures vingt, ai lu un demi scénario en anglais, ai bu du saint émilion 1994, ai acheté quatre CD - un vieux Belle and Sebastian, une résurrection d'Elliot Smith, les Artic Monkeys et Arcade Fire - que j'écoute là maintenant, ai acheté deux livres, ai mangé en neuf minutes, répondu à tous mes mails professionnels, me suis masturbé trois fois, lu à toute vitesse cent pages du nouveau Edmund White - comme quand j'étais adolescent -, suis allé nagé quarante-cinq minutes dans une nouvelle piscine, une alcôve transparente dans un square, faire des courses au monoprix de luxe - celui où je me damne quand je déprime - ai cuisiné du poulet au gingembre et au citron. J'attends Y, là maintenant.

My family tree's loosing all its leaves, crashing towards the driver's seat, the lightening bolt made enough heat to melt the street beneath your feet. Alice died in the night, I've been learning to drive my whole life, I've been learning.

Ce matin le métro était un convoi funéraire. Les passagers de 11h étaient sombres comme le ciel. Moi je ne pensais déjà plus à la politique. Ou alors je faisais semblant de ne plus y penser. Je me concentrais sur la musique et revivais ma nuit avec A.

Something filled up my heart with nothing, someone told me not to cry. But now I'm older, my heart's colder, and I can see that it's lie.

Par provocation, j'avais enlevé mon t-shirt pour dormir, et comme la fois précédente, sur son épaule, je m'étais endormi devant le film que je ne revoyais que pour lui puisque je l'avais déjà visité plus de dix fois. Nos Années sauvages, la nuit du vendredi, c'était sur ton épaule. Plus tard, nos deux corps tendrement jouaient dans le lit à dessiner des figures inédites. C'est toi qui t'es collé à moi d'abord. C'est toi qui m'a pris la main. Et puis tu as bougé. Je me suis serré contre ton dos, j'ai senti fort ton odeur. J'ai rêvé que tu étais parti, je me suis réveillé, et tu étais toujours contre moi. Je n'ai pas cherché à avoir plus, je savais que tu ne voudrais pas, et rien n'est moins désirable qu'un garçon sans désir, alors j'essayais juste de cacher mon érection. Bander toute une nuit, ça fait un peu mal à la fin. Mais bon j'avais compris un peu plus tôt. Tu m'avais cité un extrait de Gide - que tu m'avais envoyé le premier jour, celui de notre rencontre - et tu m'avais dit ta peur des relations éphémères, que le sexe pouvait tout tuer, et que bien des fois tu aurais voulu laisser une chance à une histoire éteinte trop tôt par un échange physique.

I guess we'll just have to adjust. With lightening bolts a glowing I can see where I am going.

J'aimerais que A. me regarde avec l'amour dont il n'est pas capable. J'aimerais créer cela en lui. Orgueil, péché d'orgueil. Je n'ai pas encore souffert pour lui. Ce n'est pas tellement lui qui me trouble, c'est notre relation. Je n'arrive pas à la nommer. Alors chaque rencontre est une expérience, nouvelle et unique. Tourner autour d'un corps, d'un visage. Il aime mon sourire. C'est la seule chose qu'il m'ait donné. Répété. Presque à chaque fois. Aujourd'hui je n'ai pas souri. Je n'ai pas pleuré non plus - pourtant il y aurait de quoi. J'ai un peu écrit. Là, maintenant.

If you still want me, please forgive me, because the spark is not within me, it's not within me, it's not within me. You gotta be the one, you gotta be the way your name is the only word I can say.

mardi 1 mai 2007

juste avant l'orage


Cette drôle d'absence. Il y a certain jours où j'oublie tout. La douleur, les autres, moi-même. Je me suis oublié quelque part, dans cette ville étrangère, peut-être, cette ville que je connais de mieux en mieux et que j'aime de plus en plus - Londres. Je la trouvais froide et distante, je la regardais derrière une vitre grisée, du haut d'un building. Elle me semblait construite pour rompre, ou mourir dans la foule, qui ne sont pas mes activités préférées. Mais là, non. Je connaissais le labyrinthe de son métro et des ses rues, je me suis fait Ariane pour mes amis innocents à ses dédales. A présent, j'y ai mes petits rituels, mon quartier, mon restaurant, mes tableaux. Après tout ce temps, nous nous sommes finalement apprivoisés.

Juste avant de partir, la veille au soir, une première dispute avec A. Forcément, c'était le soir des élections, et je lui en voulais (bêtement) un peu. Alors j'ai joué à tout lui dire. C'est très facile de se décharger, de lancer des mots crus - pour voir. Evidemment, il a été assez froid pour que je puisse lui reprocher et qu'il puisse s'en vouloir. Evidemment, après ma scène du grand deux, je l'ai oublié : je lui en avais trop dit, trop donné, je n'avais plus de pensée libre pour lui. Quand je suis rentré cinq jours plus tard, j'ai été surpris d'avoir un message d'excuse, il voulait me voir dès mon retour. J'ai accepté de le voir. Il était charmant (comme d'habitude) et moi plutôt agréable et même amusant (ce qui peut arriver à tout le monde). Bon, il y a quand même eu ce moment un peu vache où je lui ai dit que j'avais cessé d'être ami avec un garçon le jour où, au sortir d'un film de Chantal Akerman, il m'avait dit que c'était le plus mauvais film qu'il n'avait jamais vu. Et comme nous sortions d'un film qu'il n'avait pas aimé... Un peu plus tôt, au beau milieu du dîner, il m'a avoué qu'il ne me comprenait pas du tout, que j'étais un mystère pour lui. Son drôle d'intérêt pour moi était donc là. Au moment de nous quitter, à trois heures du matin, nous nous sommes (comme d'habitude) embrassés deux fois comme si nous n'arrivions pas à nous quitter. Il m'a dit qu'il voulait dormir chez lui mais que la prochaine fois il dormirait sans doute chez moi. Irrécupérable. Peut-être finirons-nous par nous apprivoiser, je ne sais pas, on ne peut jamais savoir. Capitaliste, froid et sexy, s'il était une ville, il pourrait bien être Londres.

Oublier. Boire et faire l'amour avec Y. Sortir avec P. Dîner avec Cl. fraîchement revenue de NYC. Travailler - si peu. Oublier.

En sortant du cinéma dimanche, mon pique-nique était tombé à l'eau. L'orage, la grêle, avaient transformé Paris en un désert blanc. Le film était fini depuis de longues minutes quand je suis sorti pour longer le torrent gris au milieu de la route, seul et téméraire - les spectateurs étaient restés sur le seuil à contempler l'eau qui tombait en rideau puis le jeune homme qui s'y engouffrait. Comme j'aime la pluie ! Quand les vêtements d'été collent à la peau... Et cette lumière qui illumine les visages... Il n'y avait pas une voiture Boulevard Saint-Michel en cette fin d'après-midi, ni même un passant. J'étais seul dans un monde nouveau. A cet instant de l'orage, mon coeur se sentait si pur...