vendredi 28 mai 2010

8 ans, 9 mois et 7 heures


Je l'ai vu un dimanche de mai.

Je ne l'ai vu que quatre fois depuis notre rupture parce qu'il ne voulait pas. Ce dimanche-là, nous avons passé sept heures ensemble. Nous avons enfin parlé de la fin de notre histoire, sans gêne. Et je me suis mis à pleurer. Lui aussi. Il était ému que je sois ému. Alors j'ai pleuré pendant presque trois heures de façon ininterrompue, et puis j'ai encore pleuré seul en rentrant chez moi tard dans la nuit...

Est-ce que j'étais si triste que ça ? Je crois que c'était surtout une émotion trop longtemps refoulée qui submergeait mon corps. Le deuil à faire n'était pas celui de mon grand amour nouvellement perdu, mais c'était le sien, celui de mon amour de huit ans ; un deuil que j'avais tout fait pour fuir en me jetant dans les bras d'un autre, d'une passion.

Soudain, ma vie de ces neuf derniers mois me sembla très lointaine, les moments pourtant si intenses de joie et de souffrance s'affaiblirent, et cette relation de huit ans revint en un vertige, aussi vif qu'un clignement d'œil ; en une vague, tout est revenu : je me suis souvenu de nos voyages, de nos orgasmes, de nos disputes, de nos fêtes, de nos moments de tendresse le soir devant un dvd, de nos retrouvailles après les moments de froid, de sa voix si douce au téléphone quand nous étions loin, de nos échecs aussi, et de son regard sur moi, un regard qui me couvait, et de notre premier regard surtout, dans cette boite de nuit kitsch... Oui, en un instant, ce fut comme si le temps n'existait pas, que tout - huit années de vie - était réuni en un accéléré terrifiant et sublime de quelques instants.

Pour la première fois depuis neuf mois, je me sentis UN. C'était comme si cette crise de larmes devant lui et sa réponse - le fait qu'il n'ait pas changé, qu'il soit si beau, si intelligent, si généreux - m'avaient rendu à moi-même. Oui, je l'ai aimé, et celui qui l'a aimé est toujours moi, vivant, même si cet amour a pris une autre forme.

Ce dimanche-là, son regard, son amour a remplacé le chaos qu'était ma vie par l'ordre.

Je suis absolument persuadé à cet instant que dans très peu de temps je vais être heureux à nouveau. Ça y est, je suis déjà heureux.

lundi 24 mai 2010

Réécrire


Réécrire ? Oui, mais pour qui ? Pour quoi ? Depuis un an, ma vie est devenue mon œuvre. Un peu ratée comme œuvre, certes. Un roman de gare ? Pas tout à fait. J'ai tellement cru au romanesque ! J'ai cru qu'on pouvait vivre d'amour, par exemple. J'aurais pu en mourir de cette croyance. Car j'ai rencontré un garçon plus romanesque que moi, et je m'y suis brûlé les ailes - comme d'autres s'étaient brûlés à moi auparavant ? J'ai tout quitté pour lui, y compris mon amour de 8 ans. Et voilà 9 mois après, c'est un accouchement, mais pas celui escompté, c'est celui de ma solitude. Se retrouver seul pour la première fois de ma vie d'homme. Est-ce mal de ne plus vouloir aimer ? De ne plus être amoureux de l'amour ? Le vertige reviendra-t-il ? Et si je ne suis plus celui qui aimait et était aimé, alors qui est cet inconnu dans le miroir ?