lundi 4 février 2008

les choses inutiles


Je prends un malin plaisir, après un travail long et difficile, à perdre du temps. Et puis qu'est-ce que c'est d'abord que perdre du temps ? Qui peut le savoir qu'un temps sera perdu ou gagné ? Alors, suivant ma morale - il n'y a rien à gagner ni à perdre - je me laisse guider par les événements.

Je vais voir tel film auquel je ne tiens pas vraiment parce qu'il passe à telle heure à tel endroit et que j'y suis, et je suis surpris de l'aimer. Je passe du temps avec tel garçon qui habite tout près de chez moi, et je suis surpris de pouvoir être aussi complice aussi rapidement. Je reste, ivre, devant la porte cochère près d'un bar pour séduire tel autre qui ne veut pas m'embrasser mais qui dit m'aimer déjà, et je suis surpris de l'aimer moi-même déjà un peu. Nous rejouons la même scène à l'infini. Etre au bord de s'embrasser, au bord de s'aimer, au bord d'un faire qui nous ferait basculer ailleurs, quelque part... Là, nous jouissons du nulle part : il n'y a pas de mots pour dire ce que nous sommes l'un pour l'autre. Il y a dans ces intentions dénudées de toute action une beauté particulière. Si seulement tout pouvait toujours rester beau et inutile.

Aucun commentaire: