lundi 28 janvier 2008

l'amour de l'opium


Il me dit que, après l'amour, je suis comme un fumeur d'opium dans les faubourgs de Shanghai. Je m'endors sur le côté, profondément, là où tout est blanc et beau. Je le sais que c'est le plus doux des moments, cette plage, petit espace-temps volé au temps lui-même.

Il me dit que, après l'amour, je suis comme un fumeur d'opium et, pour la première fois, je me vois comme je suis : un drogué, à la recherche de ce bonheur-là, être alangui auprès d'un corps chaud et aimé... Car que chercher d'autre dans les rues du marais et les faubourgs d'Internet si ce n'est un corps contre qui se lover, goûter un instant à l'absolution, à l'oubli ?

Le fleuve en moi se réveille. Cela fait un mois que je suis fidèle. La sexualité d'un vieux couple est toujours belle mais trop rare, et je sens comme une douleur au creux du ventre. Chaque image érotique sur les murs de la ville, chaque bout de peau d'un acteur aperçu dans un film de cinéma, chaque corps frôlé à la piscine, est une tentation déchirante. Je souffre et me sens seul.

Je veux sortir de chez moi, séduire une nouvelle âme, conquérir un nouvel esprit, gravir un nouveau corps, mais je ne sais que trop bien que cela ne s'arrêtera jamais, que je suis prisonnier d'un cycle et qu'il me faut fixer un mur à mes désirs. Je veux sortir de moi, de mon corps, retrouver la plage blanche auprès du corps chaud, sentir le souffle aimé contre ma nuque. Je veux et ne veux pas. Mes entrailles se déchirent. Je respire profondément et vais me cacher dans le noir - attendre, en souffrance, au beau milieu des faubourgs de Shanghai.

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