mercredi 24 septembre 2008

renoncement


Cela ressemblerait à une danse. Deux pas en avant, trois en arrière, deux en avant, un de côté. Après la douloureuse révolte de mon corps, je me suis finalement cassé le même jour lors d'un déménagement et la dent et l'orteil - mais je préfère dire le pied parce que c'est plus impressionnant et plus lacanien (ainsi je peux dire que cela m'a cassé les pieds, et que je m'y suis cassé les dents). J'ai rarement vu quelqu'un qui somatisait autant. Cela m'amuserait franchement, cette surprise d'avoir un corps qui dit les choses à ma place. De toute façon, je n'ai jamais rien pu cacher. Ma douleur, comme mon désir, sont transparents.

Mes récentes décisions de sagesse m'auront donc coûté beaucoup. Deux petites castrations plus loin, je me dis que je vais renoncer moins violemment à tout ce qui a fait que j'étais moi. J'ai dit à J* hier : "Je dois renoncer à ce qui est le plus beau pour être bien, un homme bien". C'est souvent comme ça, le langage, on ne sait pas ce qu'on va dire et on est dépassé par une vérité plus grande que nous, qu'on n'avait même pas soupçonnée. Donc, pour être ce fameux type bien (qu'est-ce que c'est un "type bien" d'ailleurs ?), je dois renoncer à cette recherche de la beauté, de la rencontre, de la grâce, à transcender mes amitiés amoureuses en douce et durable fraternité, Eros en Philia.

Cependant, le temps passe, le temps passe, et certains jours, je me sens si seul. Je suis pourtant bien entouré. Quelques uns sont fidèles, les autres sont aspirés dans leur vie - et comment leur en vouloir ? J'aimerais percer le mystère du cœur des hommes. Savoir si eux aussi ressentent cette solitude intérieure à certaines heures du jour, de façon impromptue et pourtant si intense, une solitude qui leur donne envie de crier, ou alors de s'allonger et de fermer les yeux pour mieux se plonger dans la nuit...

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