jeudi 13 décembre 2007

l'éternel retour


J'attends un appel de A. qui ne vient pas. C'est terrible l'attente, elle fait imaginer de petites fictions. Je me languis de lui, j'imagine les mots d'amour que je n'ai jamais encore prononcés, ceux que j'inventerais pour lui, s'il était là. Mais il n'est pas là. Alors j'attends, et j'envoie un message à l'un, un message à l'autre : qui sait, une nécessité extérieure me sauvera-elle, peut-être ?

Le vide d'un grand travail achevé me laisse, comme à chaque fois, démuni. C'est toujours dans ces moments-là que je souffre le plus, et rencontrer quelqu'un est alors un danger. J'attends. J'attends trop et trop vite. Je veux que ça brûle, que nous échangions des messages lyriques et nos corps amoureux. A. a passé trois jours chez moi. Nous avons beaucoup parlé, beaucoup fait l'amour : pourquoi ne voudrait-il pas revenir vers moi ? Il me l'aurait dit, je l'aurais senti. Bien sûr, il a peur des relations, mais il sait aussi que je ne suis pas seul, et cela le protège.

Hier, j'ai attendu son message toute la journée. A quinze heures, n'en pouvant plus, je me suis couché au bord des larmes. La fatigue et l'incertitude me sont fatales. Comme je ne veux pas tout gâcher, je ne le noie pas sous les messages, attends toujours que cela vienne de lui. Mais là, non, j'ai fait la bêtise de lui envoyer un message, alors j'attends.

Et je pense.

Je pense à la première fois que nous nous sommes vus, à mon anniversaire. Je pense à ce qu'il a dit à notre ami commun qu'il avait accompagné - qu'il me trouvait très mignon - et cela me rassure - je lui ai plu, je dois lui plaire encore. Je pense aux semaines qui ont suivi, à la joie que nous avons eue de nous revoir, dans ce bar familier. Je pense à ce baiser fougueux au milieu du bar, sous les yeux de spectateurs médusés, à ce verre que j'ai fait tombé en l'embrassant trop fort, qui s'est brisé au sol, à la première nuit quand je pouvais terminer ses phrases, aux points de suspension, à la douceur de sa voix, je pense à sa voix encore, j'aimerais lui laisser un message pour l'entendre, mais non, je pense à son corps, trop maigre, au désir que j'ai encore dans ma chair de le toucher, de le caresser, de le faire jouir. Je pense à tout cela, mais je devrais dire : malgré moi, car ce sont des pensées qui sont en moi, en lutte, et non moi qui pense. Je brûle. Et je n'attends qu'une seule chose : qu'il soit là pour me regarder brûler pour lui...

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