mardi 10 avril 2007

et tout d'un coup, d'un seul coup, le voile se déchire, j'ai compris, j'ai vu


Hier, j'ai fini "La Nausée". Nostalgie. Comment fait-on après, quand il ne reste rien, plus aucune page à tourner ? On contemple le blanc de la page et on revisite le livre,
comme on revit sa vie en pensée,
comme une part de soi.

"Je crois que c'est moi qui ai changé : c'est la solution la plus simple. La plus désagréable aussi. Mais enfin je dois reconnaître que je suis sujet à ces transformations soudaines. Ce qu'il y a, c'est que je pense très rarement ; alors une foule de petites métamorphoses s'accumulent en moi sans que j'y prenne garde et puis, un beau jour, il se produit une véritable révolution. C'est ce qui a donné à ma vie cet aspect heurté, incohérent."

"Ce qui me dégoûte, au fond, c'est avoir été sublime, hier soir. Quand j'avais vingt ans, je me saoulais, et ensuite, j'expliquais que j'étais un type dans le genre de Descartes. Je sentais très bien que je me gonflais d'héroïsme, je me laissais aller, ça me plaisait. Après quoi, le lendemain j'étais aussi écoeuré que si je m'étais réveillé dans un lit rempli de vomissures. Je ne vomis pas, quand je suis saoul, mais ça vaudrait encore mieux. Hier, je n'avais même pas l'excuse de l'ivresse. Je me suis exalté comme un imbécile. J'ai besoin de me nettoyer avec des pensées abstraites, transparentes comme de l'eau."

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