samedi 3 mars 2007

le journal du séducteur


Il faut se soumettre au jugement. Et pour cela, il faut tout dire.

J'ai rencontré L. avec la nouvelle année. Rencontré ne serait pas le mot exact - oui soyons précis - je l'ai contacté par l'intermédiaire d'un site de chat homosexuel. Il m'a plu physiquement, un beau regard, un grand brun viril et doux à la fois. J'ai immédiatement voulu me faire aimer de lui. Comme il serait agréable et flatteur, de plaire à ce beau garçon, ai-je pensé. J'ai relu notre échange, régulier pendant deux mois. Si cela avait été prémédité, je n'aurais pas pu mieux faire. De message taquin en message charmeur, au gré des jours et des nuits, il a mordu, s'est laissé prendre à mes filets. Il y a un mois, il m'a demandé de lui écrire plus longuement, et par mail, pour sortir des cages où nous étions figés, limités. Savait-il que ce qu'il me demandait serait si facile pour moi, et causerait, peut-être, sa perte ? Je lui ai écrit cinq très longs mails, il en sait plus sur ma vie sentimentale que la plupart de mes connaissances de longue date. Je me suis amusé à tout lui dire, à ne rien cacher, et il a été séduit. Je n'ai pas eu besoin de lui mentir, je l'ai juste laissé se projeter, tomber, non, glisser vers moi... Depuis une semaine, il m'appelle "amour". Aujourd'hui, il a pris son téléphone, pour la première fois. Une heure après, il m'avait envoyé trois messages pour vanter la beauté de ma voix, l'ironie de mon ton, ma si douce timidité. Je ne peux m'empêcher de regarder la scène de loin, avec un sourire en coin. Est-ce un grand séducteur, comme ces plus de deux cent amants le laissent supposer ? Ou est-il vraiment en train de s'éprendre ? J'ai été si horriblement sincère à chacun de mes mails. Et je devinais, en les relisant déjà, quel effet aurait sur lui ce tourbillon. Mais voilà, je suis double, diable de la sincérité et dieu de l'artifice. Une auréole peut-elle tenir sur des cornes ? Suis-je monstrueux ? Que faire ? Le conduire dans ma couche et le posséder ? Ou l'exciter puis fuir en le laissant brûler d'un désir sans fin ?
Demain, je vais rencontrer L. pour la première fois.

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