jeudi 29 mars 2007

sous-venir


J'étais pourtant dans un état de déliquescence avancée lorsque j'ai croisé EL* descendant par hasard de la rame de métro dans laquelle je montais, et qu'elle s'est écriée : ta beauté s'élève. Elle prit à partie quelques passants pour les faire acquiescer, tout en mimant cette montée au ciel avec de grands gestes. Ce fut mon premier éclat rire de la journée, mais loin d'être le dernier puisque, le hasard en ayant décidé ainsi, je la passerais avec elle, cette journée.

Quelques jours plus tard, je trouve bien ingrates mes lamentations d'enfant gâté - même si, bien sûr, là n'est pas la question - et je me mets sérieusement au travail. L'occupation étant l'ennemi de la dépression, je me surprends à éprouver de la satisfaction - un sentiment bien oublié - et même de la joie, pas une joie hystérique et désordonnée, comme il y a quelques semaines, non, une joie voluptueuse et pérenne. Quand le soleil s'est couché tout à l'heure, toute la grisaille semblait avoir fui dans son sillage. Et pour la première fois, en m'attardant sur une photographie de mon île, je n'ai pas pensé à elle comme à un bonheur perdu. Pendant tout ce temps, elle était donc là, quelque part en moi, lovée et prête à éclore, et moi, à cet instant, je jouissais de l'avoir vécue, cette île, de pouvoir l'évoquer, la faire jaillir à ma guise, comme un diamant qu'on sortirait d'un coffre pour bien se souvenir qu'on est l'homme le plus riche du monde...

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